Lisbonne et son tram 28 : les incontournables à découvrir

À Lisbonne, il arrive que le tram 28 s’arrête net pour céder sa priorité à un chat endormi sur la voie. Ici, même les félins imposent leur tempo à la ville. Ce tram jaune, brinquebalant et têtu, s’invite entre les collines et glisse, imperturbable, au cœur d’un dédale d’azulejos éclatants et d’arômes de pastel de nata tout juste dorés. Renoncer à la carte, c’est choisir la surprise à chaque virage, et la promesse d’aventures inattendues.

Chaque cahot révèle un bout de Lisbonne : Alfama s’enivre de fado, Graça se tourne vers l’Atlantique, et le tram, fidèle à sa réputation, préfère l’aventure des ruelles tortueuses à la facilité des voies toutes tracées. Emprunter la ligne 28, c’est s’offrir un tête-à-tête avec l’âme insaisissable de la capitale portugaise.

Lire également : Activités à Nantes : escapades insolites et méconnues

Pourquoi le tram 28 incarne l’âme de Lisbonne

Le tramway 28 fait figure d’icône à Lisbonne. Sa robe jaune, inimitable, dévale les artères les plus étroites depuis plus d’un siècle. Né en 1914, rebaptisé « linha 28 » en 1928, il perpétue une tradition solidement ancrée. La compagnie Carris veille sur ces véhicules d’époque, les fameux Remodelado, de véritables ancêtres sur rails, conçus pour affronter sans broncher les pentes les plus abruptes et les virages en épingle, défiant la logique moderne du transport urbain.

Bien plus qu’un simple tramway, la ligne 28 relie collines populaires et quartiers bourgeois, racines du passé et pulsations du présent. Sacré itinéraire de tramway le plus fascinant du monde, son tracé épouse les reliefs de la ville de Martim Moniz à Campo Ourique, parfois au rythme lent d’un animal indolent, clin d’œil à ses débuts, quand il était encore tiré par des chevaux dès 1873.

A lire également : Ce coffret de dégustation de rhum vous fera découvrir les meilleurs crus !

Cette ligne historique, intégrée au réseau de transports en commun, garde un parfum d’authenticité. Les banquettes de bois grincent doucement, les fenêtres s’ouvrent sur des clochers et des places inondées de lumière, les azulejos défilent comme un kaléidoscope. À chaque montée à bord, le quotidien se teinte de nostalgie et d’aventure urbaine.

Quels quartiers et monuments révèlent leur charme le long du parcours

Du premier arrêt à Martim Moniz jusqu’à l’ultime étape à Campo Ourique, le tram 28 traverse un véritable patchwork de quartiers. Le voyage commence dans l’effervescence populaire de Martim Moniz, grimpe à l’assaut des ruelles de Graça et Alfama. Le tram longe les murs blancs du monastère de São Vicente de Fora et du panthéon national, tutoie les belvédères de Portas do Sol et Santa Luzia, où Lisbonne s’offre en panorama sur le Tage.

La 28 s’engouffre ensuite dans la Baixa, centre néoclassique bouillonnant, où la Rua da Conceição vibre de commerces et de passants pressés. Plus loin, le tram s’égare dans les allées littéraires du Chiado, puis retrouve l’énergie nocturne du Bairro Alto.

  • Castelo de São Jorge : perché sur sa colline, le château médiéval domine la ville et promet une vue à couper le souffle.
  • : la cathédrale de Lisbonne surgit, massive et majestueuse, au détour d’une rue étroite.
  • Basílica da Estrela : joyau baroque, elle veille sur le Jardin da Estrela et annonce l’approche du terminus.
  • Cimetière des Prazeres : dernière halte, il offre un moment suspendu, entre mémoire et tranquillité.

En quarante minutes à peine, le tram relie l’intimité des ruelles d’Alfama à l’élégance feutrée d’Estrela, desservant un chapelet de places, d’églises et de miradouros qui racontent, chacun à leur façon, le roman vivant de Lisbonne.

À quoi s’attendre à bord : ambiance, conseils et astuces pour un trajet réussi

À bord du tramway 28, toujours sous la houlette de Carris, le temps semble hésiter entre hier et aujourd’hui. Les « Remodelado » des années 1930 accueillent une faune bigarrée : touristes bouche bée, Lisboètes absorbés, crissements de rails sur les pentes, et conversations qui se tissent entre deux arrêts. Le parquet usé, les sièges de bois, les fenêtres qui coulissent : tout est d’époque, tout respire l’authenticité.

La popularité du tram n’est plus à prouver. Entre 10h et 17h, la foule s’amasse, les sièges se font rares. Pour savourer le trajet sans jouer des coudes, mieux vaut tenter sa chance tôt le matin ou en soirée, au point de départ de Martim Moniz ou de Campo Ourique. Prévoyez 40 à 50 minutes pour parcourir les 35 arrêts du tracé complet.

  • Le billet à l’unité avoisine les 3€, mais des formules avantageuses existent : Lisboa Card, Viva Viagem, Carte Navegante ou Pass Carris 24h pour rouler l’esprit libre.
  • Surveillez vos poches : la ligne attire les pickpockets, surtout lors des pics de fréquentation estivale.

Certes, d’autres lignes, tramways 12, 24, 25, bus 737, tuk-tuks, empruntent une partie du trajet, mais aucune ne rivalise avec la magie patrimoniale de la 28. N’hésitez pas à descendre à certains arrêts pour explorer les quartiers à pied, puis guettez le passage du prochain tram pour poursuivre l’aventure.

tramway lisbonne

Le tram 28, une expérience à vivre autrement selon la saison et l’heure de la journée

Impossible de vivre deux fois le même trajet sur le tram 28. À l’aube, alors que la ville s’éveille, la rame jaune se faufile dans des rues encore silencieuses. Les premiers éclats de soleil caressent les toits rouges et font briller les azulejos, tandis que les habitants pressent le pas vers les marchés. Ce moment suspendu révèle Lisbonne dans une intimité rare, loin du tumulte.

À l’approche de midi, la foule se densifie. Les touristes s’emparent des fenêtres, la rumeur monte, les arrêts s’enchaînent au rythme trépidant de la ville. Pour profiter pleinement des vues imprenables sur Lisbonne, préférez les heures calmes : la lumière du soir embrase les façades, le Tage miroite depuis les méandres de l’Alfama ou les hauteurs du miradouro de Santa Luzia.

Avec une rame toutes les 8 à 15 minutes, de 5h45 à 21h15 (jusqu’à 23h depuis Graça), le tram 28 s’adapte à tous les emplois du temps. La nuit tombée, il devient complice des noctambules : descendez à São Pedro de Alcântara, laissez-vous porter par l’énergie du Bairro Alto, puis retrouvez la douceur d’un retour dans une Lisbonne apaisée, doucement bercée par le cliquetis d’un tram centenaire.

Voyage